Fos-sur-Mer – Novembre 2018
Fin de journée sur la plage de Fos-sur-Mer, un policier municipal m’interpelle : “Monsieur s’il vous plait, vous sentez quelque chose ? Moi je ne sens plus rien.” Il est venu vérifier un “signalement de possible pollution maritime sauvage” (sic).
Fos-sur-Mer, ancien village méridional balnéaire a été transformé en méga complexe portuaire pétrochimique à partir des années 50, sous l’impulsion de la chambre de commerce marseillaise, puis des professionnels de la sidérurgie française et enfin dans un troisième temps, du gouvernement français.
Au début des années 2000, environ 70% de la population active était employée dans les secteurs de la métallurgie et de la pétrochimie. En 2010, c’est un incinérateur qui est inauguré pour prendre le relais de la plus grande décharge de France, celle de Marseille. A Fos-sur-Mer, les permis de construire industriels ne sont pas du ressort de la municipalité sur 80% de son territoire.
Aujourd’hui, les études sur les impacts sanitaires et environnementaux se succèdent et sont alarmantes. Surexposition des habitants aux métaux lourds et aux particules ultrafines, surmortalité par cancer, les scandales s’enchaînent et la facture de notre mode de vie se paye ici au prix fort.
“C’est compliqué, on voit bien ce que l’on subit mais ce sont ces emplois qui font vivre les habitants” conclu le policier.
En ce vendredi d’automne la lumière et l’ambiance sont cinématographiques. Dans le centre historique, quelques personnes se baladent autour du château médiéval, le linge sèche aux balcons et le “Bar des amis” reçoit ses habitués. Les fosséens sont accueillants et certains se disent las que leur ville soit systématiquement stigmatisée.
Oui, on vit, on rit et on meurt à Fos-sur-Mer.